Alimentation, intérêt général et Vie de la Cité

visibility620 Views person Posted By: Christophe Henry list In: Proposer de l'alimentation en sauvant la biodiversité

En 2014, quand j’ai commencé à me préoccuper de la question de l’alimentation (épineux sujet qui le serait sans doute moins dans un monde qui tournerait rond), c’était au départ sur une base plus intuitive que réellement objective.

J’avais décliqué tout bêtement un soir, alors qu’Aurélie et moi étions encore jeunes parents, en posant sur la table la pitance familiale. Si si, à l’époque, le terme « pitance » était bien adéquat, je vous assure. Entretemps, les choses ont changé. Je ne me souviens plus de sa composition exacte, mais je puis affirmer à quasi coup sûr que ce « repas » était de type industriel, genre « vite réchauffé, vite fait ».

Ce soir-là, une question me heurta l’esprit. Le genre de question dont, avec le recul, on se demande bien parfois comment elle a pu atterrir là : « Y a quoi là-dedans ? Est-ce que je peux vraiment avoir confiance ? Après tout, je suis responsable de la santé de mes enfants, de mes proches… »

C’était à mille lieues de mes préoccupations habituelles, tout jeune patron d’une boîte d’informatique que j’étais. Mes sujets du moment, c’était plutôt : processeur, carte graphique, réseau virtuel, etc, toutes choses que je n’ai à vrai dire jamais complètement oubliées, j’avoue ????.

Et pourtant, cette question s’était manifestée à moi, sortie de nulle part, comme soufflée par un vilain lutin craignant probablement que je sombre dans l’ennui, et il m’était impossible de m’y soustraire. Il fallait y répondre…

Je me suis donc mis à furieusement lire tous les contenus que je trouvais sur le sujet. Livres, articles web, puis conférences, séminaires, contenus plus académiques, etc. Au bout de cette phase de documentation compulsive, je n’étais pas arrivé à un constat clair. Je savais par contre que je ne pouvais pas faire confiance aveuglément, mais je n’avais pas non plus de quoi fermement accuser le modèle agro-alimentaire. J’en restais donc au stade de l’intuition semi-argumentée qui, bâtie sur une fondation de quelques bien fragiles certitudes, m’incita alors à passer à l’action. Et ce fut mon premier petit potager, en 2014 : 4m2.

A ce moment-là, je ne soupçonnais pas que c’était le début d’une aventure bien plus large. Tantôt compliquée, à la limite de la jonglerie compte-tenu des diverses places que j’occupais dans la société à l’époque, tantôt tellement exaltante et produisant en moi le sentiment d’être utile, chose dont je découvrirais plus tard que c’était un de mes moteurs, d’abord subtilement, ensuite franchement consciemment.

Cette volonté d’être utile à la société m’a profondément impacté. C’est ce qui m’a donné l’énergie, voire même la frénésie, d’apprendre, encore et encore, pour maîtriser les techniques culturales (je suis d’ailleurs toujours en cours d’apprentissage, et pour bien longtemps encore, je pense/j’espère), cerner la nature des écosystèmes, la physiologie des plantes (malgré mon daltonisme carrément désespérant) et enclencher le braquet professionnel.

Pour moi, devenir maraîcher, ce n’était pas une carrière en perspective. Ce n’était pas non plus la recherche d’une reconnaissance sociétale, ni même la poursuite d’un idéal écologiste. Rien de tout cela. C’était avant tout une envie presque primale d’être utile, de faire du bien aux gens, d’avoir un impact positif sur la société qui m’environnait, d’agir de mes mains, toutes gauches et frêles qu’elles étaient, de manière profondément politique, au sens étymologique du terme, non-politicien : Apporter ma contribution à la « vie de la Cité ».

De cette petite intuition et de cette question horripilante de départ, en passant par une longue route d’acquisition de compétences, tant intellectuelles que pratico-pratiques, par une série de succès et de gamelles, disons-le franchement, j’en suis venu, au détour d’une conversation avec Xavier, à rejoindre la COOF. Une coopérative dans laquelle je peux et je dois même continuer à m’activer sur cette question d’intérêt général qu’est l’alimentation, mais dans un cadre collectif. Parce que seul on va vite, mais à plusieurs on va loin. C’est bateau, mais vrai !

Alors, certes, la principale activité de la coopérative est de nature commerciale. Parce qu’on ne vit pas dans un bocal et que dans cette société, on en vient rapidement, presque mécaniquement, à prendre une forme de ce genre. Et puis aussi parce qu’il faut bien que ceux qui y investissent tout leur temps et leur énergie, voire même concèdent d’importants sacrifices, puissent vivre. Mais cette nature commerciale n’est pas son ultime finalité, il ne s’agit que d’un outil au service d’un objectif plus noble.

A la fin des fins, le moteur de tout ceci reste l’intérêt général : Produire une alimentation de qualité, prendre soin de notre biotope, partager le « buen vivir », faire société, travailler à l’avenir de nos enfants, créer du lien. Ce sont pour ma part les objectifs que je poursuis, parfois maladroitement, au travers de cette belle micro-société qu’est la COOF. Et petit à petit, on y arrive ! On construit en marchant. On arrive à toucher du bout du doigt ces objectifs. Tout ça a lieu à la COOF ! Grâce à vous tous !

C’est pourquoi je pense que la conférence de Xavier tombe à point nommé. Elle traite de ce sujet dont aucun de nous ne peut s’affranchir. Il est à mon sens de notre devoir de contribuer à la stabilité des systèmes alimentaires qui chaque jour nous constituent tous. Et on doit donc se poser les bonnes questions, avoir les bons échanges, et prendre les bonnes orientations dans nos actions. Et c’est à ce titre que le regard plus large dont Xavier bénéficie désormais est pertinent.

C’est pas juste parce que c’est mon pote. C’est aussi parce que c’est intelligent et… d’intérêt général!

A jeudi donc ! ;-)

 

 

 

Dimanche Lundi Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi Janvier Février Mars Avril Mai Juin Juillet Août Septembre Octobre Novembre Décembre